Quelques jours après l’incident tragique, l’Australie demeure à la recherche de réponses. Selon Penny Wong, ministre australienne des Affaires étrangères, les informations fournies par Israël sur la mort d’une humanitaire australienne lors d’une frappe à Gaza sont considérées comme « insuffisantes ».
Que dit Israël ?
Suite aux échanges avec les autorités israéliennes, l’Australie a déclaré que les informations fournies étaient « clairement insuffisantes pour répondre à nos attentes », a annoncé Penny Wong aux journalistes après la mort de Lalzawmi Frankcom, une humanitaire australienne tuée lundi avec six autres humanitaires lors d’une frappe israélienne à Gaza. Les autres victimes comprenaient trois Britanniques, un Canadien ayant une double nationalité, un Polonais et un Palestinien.
Lalzawmi Frankcom, âgée de 43 ans et surnommée « Zomi », travaillait pour l’ONG américaine World Central Kitchen (WCK), impliquée notamment dans l’envoi d’aide par bateau de Chypre vers Gaza et dans la construction d’une jetée temporaire à Gaza. Les travailleurs humanitaires ont été tués après avoir supervisé le déchargement partiel d’un navire transportant 300 tonnes d’aide alimentaire de Chypre.
Complètement injustifiable
Penny Wong a déclaré : « Nous attendons que tous les responsables de sa mort et de celle de ses collègues du World Central Kitchen rendent des comptes. Nous estimons que ces décès sont totalement injustifiables et qu’une action décisive est nécessaire pour empêcher que de tels drames ne se reproduisent jamais ».
Elle a également indiqué que deux officiers israéliens impliqués dans l’attaque aérienne avaient été suspendus. Un rapport d’une enquête interne de l’armée israélienne avait annoncé le limogeage d’un colonel de réserve et d’un commandant en activité. Penny Wong a insisté sur le fait que des mesures appropriées devaient être prises à l’encontre des personnes responsables de ces accidents tragiques.
Elle a ajouté : « Nous sommes également préoccupés par les premières déclarations israéliennes selon lesquelles il s’agissait d’un accident et que de tels incidents se produisent en temps de guerre ». Ces déclarations, selon elle, « suggèrent que le gouvernement israélien n’a pas encore pris la pleine mesure de la gravité de la mort des sept travailleurs humanitaires ».
« Une tragédie évitable » : Sept humanitaires tués lors d’une frappe israélienne
La ministre des Affaires étrangères australienne a également annoncé qu’un conseiller spécial serait désigné au sein du gouvernement australien pour s’assurer que l’enquête menée par Israël soit conforme aux attentes de Canberra. Le Premier ministre australien Anthony Albanese avait déjà exprimé « sa colère » lors d’un appel à son homologue israélien Benyamin Netanyahou mercredi dernier.
Lalzawmi Frankcom était une travailleuse humanitaire chevronnée, ayant déjà participé à des missions au Maroc après le séisme dévastateur de 2023, aux Bahamas après l’ouragan Dorian de 2019, ainsi que dans son propre pays pendant les incendies qui ont ravagé l’Australie à la fin de 2019 et au début de 2020.
« Est-ce une erreur ou un acte criminel ? »
Les gouvernements de plusieurs autres pays, d’où étaient originaires les humanitaires, ont également exprimé leur indignation. Le chef de la diplomatie britannique, David Cameron, a appelé à une « enquête indépendante » sur les événements en Israël. Varsovie, de son côté, a demandé une « enquête criminelle » pour « meurtre ».
Pawel Wronski, porte-parole des Affaires étrangères, a déclaré : « Certaines de ces erreurs nous semblent encore incompréhensibles. S’agit-il d’une erreur ou d’un crime ? » L’organisation WCK a également exigé une « enquête indépendante », soulignant que l’armée israélienne « ne peut pas enquêter de manière crédible sur ses propres échecs à Gaza ».
Le drame a même incité Washington, fidèle allié d’Israël, à durcir sa position. Pour la première fois, le président américain Joe Biden a évoqué la possibilité de conditionner l’aide américaine à Israël à des mesures « tangibles » concernant la situation humanitaire à Gaza.
Le secrétaire d’État Antony Blinken a finalement salué la reconnaissance par Israël de sa « pleine responsabilité dans cette affaire », tout en appelant à « s’assurer que des mesures soient prises pour que cela ne puisse jamais se reproduire ».
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